Quel était le rôle des femmes à Nîmes dans l’Antiquité ?

La ville de Nîmes, connue sous le nom de Nemausus durant l’Antiquité romaine, était une colonie florissante organisée selon les principes romains. Bien que les femmes étaient majoritairement cantonnées à des rôles domestiques, certaines occupaient des positions influentes dans la société, notamment dans les sphères religieuse et économique.

Statue Antonia Minor - Musée de la Romanité

Un rôle central dans la vie domestique

Comme dans l’ensemble de l’Empire romain, les femmes nîmoises se consacraient principalement à la gestion du foyer. Au sein de l’élite, elles incarnaient l’idéal de la matrona (matrone). Cette dernière était symbole de vertu et de fidélité. L’empereur Auguste a remis en valeur les traditions fondamentales de la société romaine.

La femme est avant tout vue comme une épouse et une mère. Elle est chargée de donner naissance à des enfants légitimes, assurant ainsi la pérennité de la famille et du corps civique.

La statue d’Antonia Minor, princesse de la dynastie julio-claudienne, exposée au musée, illustre très bien cet archétype.

Par ailleurs, on retrouve sur des stèles funéraires présentes dans le parcours permanent des inscriptions indiquant, par exemple, « excellente épouse », ou encore « mère bien aimée ».

Contrairement aux garçons qui recevaient une éducation plus poussée, les jeunes femmes se formaient essentiellement aux tâches domestiques et à la transmission des <strong>valeurs morales et familiales traditionnelles.

 

Stèle funéraire Licinia Flavilla et Sextus Adgennius Macrinus - Musée de la Romanité

Les femmes et la religion : une place particulière

Les femmes jouaient un rôle important dans la sphère religieuse. Elles participaient activement aux cultes. Certaines occupaient même des fonctions de prêtresses. Le culte de Bona Dea, déesse de la chasteté et de la fertilité, leur offrait un espace de sociabilité. Il leur permettait également d’exprimer leur dévotion.

Les femmes vénéraient Vesta, protectrice du foyer, et la considéraient comme un modèle de pudeur et de fidélité envers l’époux et la famille. Des femmes de l’élite participaient également à des rites publics en l’honneur de l’impératrice, contribuant ainsi à renforcer le lien entre religion et pouvoir politique. C’est notamment le cas de Licinia Flavilla, représentée sur une stèle funéraire avec son époux Sextus Adgennius Macrinus. Coiffée de l’infula, ruban ou bandelette de laine portée enroulée autour de la tête par les prêtresses lors des cérémonies religieuses,  elle est représentée en prêtresse du culte impérial.

Fragments tuiles Clarian - Musée de la Romanité

Une participation active à la vie économique et sociale à Nîmes

Bien que la sphère domestique restreigne la plupart des femmes, certaines occupaient une place dans l’économie locale. Des inscriptions découvertes à Nîmes attestent que certaines d’entre elles étaient propriétaires de boutiques ou actives dans le commerce. Elles dirigeaient notamment des ateliers artisanaux. C’est le cas en particulier dans le textile, un secteur traditionnellement associé aux femmes dans le monde romain. Les collections du musée conservent des fragments et une tuile ronde témoignant de leur présence dans ces ateliers.

Les thermes publics de Nîmes étaient également des lieux de rencontre où les femmes pouvaient échanger et entretenir des relations sociales. Elles s’y rendaient le matin, avant que les hommes n’y aient accès, profitant ainsi d’un espace de liberté temporaire dans une société où elles étaient sous tutelle masculine.

Figure de Livia Drusilla

Des femmes de pouvoir et d’influence

Bien que la participation politique des femmes fût officiellement interdite, certaines ont su exercer une influence indirecte. Livia Drusilla, l’épouse de l’empereur Auguste par exemple contribué à la stratégie politique de sa famille. Il en est de même pour les femmes de la dynastie Sévère (IIIe siècle). Le Musée de la Romanité conserve le portrait de Julia Domna, épouse de l’empereur Septime Sévère.

Dans une moindre mesure, on peut supposer que certaines épouses ou mères de magistrats locaux aient pu jouer un rôle en conseillant leurs maris et fils.

En conclusion, une influence subtile mais réelle

Les femmes ont été majoritairement reléguées à des rôles traditionnels. Cependant, à Nîmes, dans l’Antiquité, elles ont su trouver des moyens d’exercer une influence dans divers domaines. Qu’il s’agisse de la religion, de l’économie ou des dynamiques sociales, elles ont contribué à la vie de la cité. Ainsi, elle laissent une empreinte discrète mais essentielle dans l’histoire de Nemausus. Leur place, bien que souvent effacée par l’histoire officielle, mérite d’être reconnue pour mieux comprendre la richesse de cette époque.

Si vous souhaitez en apprendre d’avantage, la programmation du Musée de la Romanité propose régulièrement des visites thématiques dédiées à cet aspect particulier de l’histoire antique. Vous pouvez également lire notre article sur « Le monde féminin dans la société grecque antique ».

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