Exposition « Gaulois, mais Romains ! » : les pièces incontournables à ne pas manquer au Musée de la Romanité
L’exposition temporaire « Gaulois, mais Romains ! » est issue du partenariat entre le musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye et le Musée de la Romanité. Les objets présentés, pour certains inédits, permettent d’évoquer la pluralité de la Gaule romaine. En voici une sélection parmi les plus prestigieux.
Laie de Cahors (Lot)
IIe s. ap. J.-C.
Cette statuette de laie impressionne par sa posture défensive, la gueule ouverte pointant ses canines. Le rendu naturaliste, les détails du pelage, de la crête hérissée et des mamelles, la rangent parmi les œuvres de haute qualité produites par les artisans bronziers de la Gaule romaine des IIe et IIIe siècles. Le sanglier, animal totémique des Celtes, entre dans les scènes de chasse d’époque romaine, illustrant le courage de celui qui affronte le danger représenté par ce symbole de la nature sauvage.

Magistrat en toge (Langres, Haute-Marne)
Ier- IIe s. ap. J.-C.
Fier de son statut de notable de la cité de Langres, cet homme s’est fait représenter vêtu de la toge, symbole du citoyen romain, et assis sur un siège curule, réservé aux magistrats supérieurs comme insigne de leur autorité. Il devait tenir dans la main gauche un volumen, support d’écriture, emblème des magistrats. La statue, complétée de son portrait, devait orner son monument funéraire, disposé bien à la vue de tous pour exposer sa réussite sociale. Elle illustre l’intégration des élites locales dans les nouveaux cadres imposés par Rome.

Visière à visage de cavalier
Ier – IIIe s. ap. J.-C.
Cette visière amovible en bronze représente un visage de jeune homme dont le front et les tempes sont décorés d’une couronne de deux sarments végétaux entrelacés. Elle devait être fixée à un type de casque d’apparat, et non de combat, porté par les cavaliers. Elle a été découverte en 1908 dans un coffret comprenant d’autres objets. Cet ensemble appartenait probablement à une sépulture. Longtemps conservée dans des collections privées, elle a été rachetée en 2019 par l’État grâce au mécénat de la fondation La Marck.

Trousse de médecin oculiste
Fin du IIe – début du IIIe s. ap. J.-C.
Cette trousse chirurgicale découverte en 1854 était, à l’origine, contenue dans un coffret en bois. Des blocs de collyres et un cachet d’oculiste indiquent la spécialité. Le cachet permet d’apposer le nom du praticien, ici Gaius Firmius Severus, sur les collyres qui se présentent sous forme solide, en petites plaques. Il liste aussi les composants, comme ici la myrrhe. Les pratiques ophtalmologiques sont connues grâce au traité médical De Arte medica d’Aulus Cornelius Celsus, dit Celse (- 25 / 50 ap. J.-C.).

Couple de Bordeaux (Gironde)
Fin IIe – début IIIe s. ap. J.-C.
Cette figurine est le seul exemplaire, parvenu jusqu’à nous, d’une série de figurines en terre cuite blanche produite par l’une des plus importantes officines de Gaule romaine des IIe et IIIe siècles, celle de Pistillus, dont l’atelier a été découvert à Autun. Nombre de ces figurines en terre cuite, fabriquées en série et peu onéreuses, ont été trouvées dans les habitats, les nécropoles et les sanctuaires. Celle-ci est remarquable par la précision des détails, jusqu’aux pieds du lit rappelant des modèles connus en Italie.

Les Quatre Saisons de la villa de La Millière
Fin du Ier s. av. J.-C. – début du Ier s. ap. J.-C. ?.
La villa (partie résidentielle d’un domaine agricole) présente un plan caractéristique de la Gaule du nord : un bâtiment rectangulaire divisé en plusieurs pièces de réception ou privatives aux murs décorés, desservies par une galerie de façade. La seule pièce voûtée possède un remarquable décor peint avec le motif des Quatre Saisons. Le Printemps porte des fleurs dans les cheveux, l’Été est reconnaissable par ses épis de blé, l’Automne est associé à trois passereaux et l’Hiver est plus lacunaire.

Dieu (?) de Bouray (Essonne)
IIIe s. ap. J.-C.
Cette statuette est l’un des rares exemplaires de bronzes ayant conservé sa couleur d’origine grâce à un long séjour dans l’eau. Sa technique mixte, fonte moulée pour la tête et tôles martelées pour le corps, témoigne de la haute technicité des bronziers gallo-romains. Le travail des yeux réalisés en verre et le détail des cils et des sourcils illustrent le raffinement de cette production. La figure du guerrier assis en tailleur, les mains sur les genoux, date de l’âge du Fer. Elle est utilisée à l’époque romaine pour représenter des divinités.

Mercure à la serpe (Morienval, Oise)
IIe s. ap. J.-C. ?
Cette statue est un exemple de la fusion entre des divinités gauloise et romaine. Le dieu romain Mercure est reconnaissable à son chapeau (pétase), sa bourse et ses chaussures (crépides). Par contre, la tunique non ceinturée à larges manches et le manteau en cape (lacerna) sont gallo-romains, et la serpe a remplacé le caducée. La simplification des formes et l’aspect compact sont hérités de la statuaire en bois d’époque gauloise. Jules César plaçait Mercure en tête des divinités les plus vénérées en Gaule. Il l’est toujours en Gaule romaine.

Le trésor de Champoulet (Loiret)
IIe – IIIe s. ap. J.-C.
De l’ensemble original, il ne reste malheureusement que ces huit objets en bronze, le reste ayant été dispersé lors de la découverte. Il présente deux points d’intérêt. En premier, le nom du toponyme inscrit sur les socles, Dubnocaratiacus, qui pourrait être celui du sanctuaire destinataire de ce dépôt. En deuxième, l’illustration de la mixité de la religion gallo-romaine en rassemblant une divinité romaine, Mercure, représenté à la gréco-romaine, et deux divinités gauloises, Rosmerta représentée à la gréco-romaine et Épona représentée à la gauloise.

Pilier du Pont-au-Change (Paris)
Ier s. ap. J.-C.
Ce bloc est souvent rapproché du célèbre pilier des Nautes, trouvé sous la cathédrale Notre-Dame de Paris, par sa composition montrant une série de divinités sur les quatre faces. Les représentations sont d’allure majoritairement gréco-romaine mais quelques détails diffèrent comme l’animal tenu dans la main d’Apollon à la place du plectre ou le coq posé sur l’épaule de Mercure. Le point le plus intéressant est la présence de Rosmerta, déesse gauloise représentée à la gréco-romaine, dont le sceptre confirme son statut de compagne de Mercure.

Jupiter en majesté (Auvernier, Suisse)
IIe s. ap. J.-C.
Jupiter est le dieu suprême des Romains, garant de l’ordre et de la puissance de l’Empire. Il est adopté en Gaule suite à la conquête du territoire et s’impose rapidement comme l’un des dieux primordiaux du panthéon gallo-romain, en concurrence avec Mercure. Dès le Ier siècle, se diffusent nombre d’images du dieu, et ce jusqu’en Germanie, reproduisant les modèles gréco-romains comme sur cette figurine à laquelle il faut restituer la hampe du sceptre dans la main gauche et un foudre dans la main droite.

Offrandes en tôle de bronze
Vers 70-130 ap. J.-C.
Le sanctuaire d’Apollon Moritasgus à Alésia a livré près de 400 ex-voto sur tôle de bronze. Il s’agit du lot le plus important mis au jour en Gaule.
De nombreuses offrandes anatomiques sont retrouvées dans les lieux de culte gaulois après la conquête romaine. Elles représentent des parties de corps, tels le tronc, les membres, les organes internes ou externes. Elles peuvent être fabriquées en métal, pierre ou bois. Ces ex-voto sont offerts pour demander la protection d’un dieu, prononcer un vœu ou pour remercier un dieu pour la réalisation d’un vœu.

Canthare d’Alésia
Première moitié du Ier s. av. J.-C.
Mis au jour en 1862 lors de fouilles du site d’Alesia (Alise-Sainte-Reine) impulsées par Napoléon III, ce canthare en argent lui fut envoyé afin qu’il puisse lui-même laver la terre qui le recouvrait. À l’époque, cet objet a été attribué à César mais il appartiendrait plutôt à un riche particulier. En effet, des services d’argenterie prestigieux étaient exposés lors de réceptions et signaient le statut social du propriétaire.
Ce canthare devait faire partie d’une paire dont le second exemplaire ne s’est pas conservé.

Chaussure de soldat romain
Ier s. ap. J.-C.
Au cours de travaux dans la ville de Mayence en 1857, un lot d’objets en cuir est mis au jour. Il comprend vingt et une caligæ presque complètes, trois chaussures fermées, et plus de trois mille fragments de cuir. La caliga est une chaussure à lanières et semelle cloutée utilisée par les soldats.
L’empereur Caligula (37-41) aurait décidé d’attribuer une paire de caliga à chaque soldat. Il a également créé en 39 une légion stationnée à Mongotiacum (Mayence) dans le cadre de ses opérations militaires en Germanie.

Le Trésor d’Éauze (Gers)
IIIe s. ap. J.-C.
Des archéologues ont retrouvé ce trésor à proximité des ateliers de potiers de l’antique Elusa. Le trésor comprend des bijoux, un médaillon à l’effigie de Marc Aurèle (161-180), des couteaux à manches en ivoire sculpté, des cuillères, des lingots d’argent et 28 003 monnaies dont la datation s’échelonne de la fin du IIe s. à la fin du IIIe s. ap. J.-C. Au cours de cette période d’instabilité politique, de crise économique, d’insécurité et de changements climatiques, les pratiques d’enfouissement d’objets précieux dans la terre se multiplient.

En conclusion, l’exposition « Gaulois, mais Romains ! » révèle avec force la richesse et la complexité de l’identité gallo-romaine. A travers des œuvres d’une rare finesse, elles témoingnent de l’assimilation, de l’adaptation et de la cohabitation des cultures celte et romaine. De la puissance symbolique de la Laie de Cahors à la solennité du Magistrat en toge, chaque pièce exposée éclaire un pan de la Gaule romanisée, entre tradition et modernité.
Mais ce voyage dans le passé ne s’arrête pas là. En effet, jusqu’au 4 janvier 2026, le Musée de la Romanité expose d’autres trésors du musée d’Archéologie nationale : sculptures, bijoux, objets du quotidien ou pièces religieuses prolongent cette immersion captivante dans l’univers gallo-romain.
Et si vous souhaitez en apprendre d’avantage sur comment vivaient les Gaulois à l’époque romaine, lisez l’article dédié sur notre site internet. 😉
