Cycle « Homo detritus »
Table ronde : « Que découvriront les archéologues du futur ?
Organisé et animé par les étudiants du master de Psychologie Sociale et Environnementale (Unîmes) Avec les chercheurs de l’université de Nîmes spécialisés en sciences des risques : laboratoire CHROME et laboratoire PROJEKT
Les étudiants du master de Psychologie Sociale et Environnementale ainsi que des chercheurs de l’université de Nîmes, spécialisés en sciences des risques, vous invitent à échanger sur la question des déchets (en particulier les déchets dangereux et nucléaires). À partir de regards croisés impliquant des disciplines telles que la psychologie sociale et environnementale, l’histoire contemporaine, la géochimie et le design, nous vous proposons un format d’échange interactif autour de la question des déchets, de leur devenir et de leur impact sur la vie des générations futures.
« L’anthropocène est-il un poubellocène ? »
Par Baptiste MONSAINGEON, sociologue et maître de conférences, laboratoire REGARDS, université de Reims Champagne-Ardennes
Partant du constat de l’omniprésence actuelle des déchets, notamment plastiques, dans les milieux naturels, il s’agira de réfléchir à la façon dont les sociétés contemporaines œuvrent malgré elles à la production d’un futur archéologique qui pourrait s’avérer inhabitable. Pour autant, est-il seulement souhaitable d’aspirer à un monde ‘sans déchets’.
« Forêts et sociétés humaines : quinze millénaires d’interactions pour quel avenir ? »
Par Stéphanie THIEBAULT, directrice de recherche au CNRS, Unité Trajectoires-CNRS-Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
La forêt, en Europe, est le produit de plusieurs millénaires d’aménagements, de coutumes, de codes, de lois, d’artisanats et de prélèvements de ressources multiples, et surtout d’un imaginaire collectif forgé par les innombrables contes et légendes. Indispensable à la survie de l’humanité, son prix n’est plus celui des arbres que l’on abat et vend pour faire du carton, du papier ou des meubles.
Elle a une valeur intrinsèque qui doit être considérée comme telle et respectée. Si la forêt française n’a jamais été aussi développée territorialement, elle est de plus en plus menacée, en mauvaise santé, et toujours trop mal exploitée pour être rentable.
« Déchets et interprétation dans l’Antiquité romaine : l’exemple du dépotoir du Rhône arlésien »
Par David DJAOUI, archéologue territorial au Musée départemental Arles antique, chercheur associé par convention au CCJ/CNRS
De l’Antiquité à nos jours, les déchets générés par les populations sont de diverses natures. Ordures ménagères, encombrants, ou encore déchets artisanaux et industriels font irrémédiablement l’objet d’une gestion plus ou moins maîtrisée. Qu’ils soient recyclés de façon opportuniste et/ou systématiques, enterrés dans des fosses ou entassés dans des décharges, ces déchets portent des informations sur les sociétés qui les ont constitués. Mais comment écrire l’histoire d’une civilisation passée à partir de ses seuls rebuts ? Pour l’Antiquité romaine, et à partir, entre autre, de l’immense dépotoir subaquatique du Rhône arlésien, l’archéologue David Djaoui développera la notion d‘interprétation en archéologie. Il s’agira alors d’élucider des énigmes vieilles de plus de 2000 ans.
« L’origine de la domestication des milieux par l’homme (Néolithique) »
Par Jean-Paul DEMOULE, professeur émérite de Protohistoire européenne à l’Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne) et ancien président de l’Inrap.
Le Néolithique, c’est-à-dire l’invention de l’agriculture sédentaire il y a 12.000 ans, indépendamment en différents points du monde, a été la rupture la plus radicale de l’histoire humaine. Il a provoqué la croissance exponentielle de la population, et donc une course au progrès technique pour nourrir de plus en plus d’humains sur une planète finie, une exacerbation des tensions entre communautés désormais territorialisées, une augmentation sans fin des inégalités sociales et finalement une dégradation constante de l’environnement – inaugurant ce qu’on appelle désormais l’anthropocène. Mais tout ceci était-il une fatalité, et certaines sociétés du passé n’ont-elles pas fait des choix différents ?
« Garrigues et activités humaines : quels enjeux environnementaux ? Hier, aujourd’hui et demain. »
Par Sylvain OLIVIER, maître de conférences en histoire moderne à l’Université de Nîmes
Les garrigues ont une histoire. Certaines ont constitué jadis des réservoirs de terres à défricher. Les vestiges bâtis témoignent de l’existence d’abris pour accueillir les hommes, leurs outils et leurs récoltes, ou de murs de délimitation et d’épierrement. Les activités de cueillette ont, elles aussi, été nombreuses et variées. Cependant, de nos jours, les garrigues se transforment, tiraillées entre déprise agraire, mitage urbain et menaces diverses. Les gérer, les protéger, voire en exploiter à nouveau les ressources nécessite de mieux comprendre leur histoire.