Histoire des collections

Des origines à nos jours

L’histoire des collections du Musée de la Romanité remonte au XVIᵉ siècle. À cette époque, on redécouvre les traces de la Nîmes romaine. De très importantes trouvailles marquent les XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles, comme celle du buste d’Apollon en bronze ou de la frise aux aigles.

L’apport des antiquaires est essentiel. Ce sont eux, dans un premier temps, qui collectent les antiquités. Au XVIIIᵉ siècle, Jean-François Séguier, grand érudit nîmois, célèbre pour avoir déchiffré la dédicace de la Maison Carrée, constitue une importante collection qu’il lègue à l’Académie royale de Nîmes avant qu’elle ne soit rachetée par la Ville ; au XIXᵉ siècle, les fonds de Jean-François-Aimé Perrot, puis celui d’Emilien Dumas continuent d’abonder la collection ; au XXᵉ siècle, les collections Villeperdrix et Surville viennent enrichir encore les cimaises du musée archéologique.

La Maison Carrée, premier musée (à partir de 1823)

À partir de 1823, la Maison Carrée devient le premier musée de la ville (le musée Marie-Thérèse). Comme de coutume à cette époque, les beaux-arts y ont la part belle. Peintures, sculptures et objets d’art envahissent l’espace et relèguent l’archéologie à la seconde place. Ainsi, les antiquités (stèles, éléments architectoniques, ornements) sont-ils dispersés dans différents dépôts comme la cour de la Maison Carrée, le temple de Diane ou la porte d’Auguste et malheureusement livrés aux intempéries. Le temple antique est rapidement considéré comme trop exigu pour abriter tant de pièces et les œuvres sont finalement distribuées, au fil du temps, dans plusieurs musées.

Maquette Maison Carrée

Le projet du Palais des Arts (1869) et ses suites

En 1869, la ville de Nîmes reçoit en legs, l’importante collection d’œuvres d’art du Britannique Robert Gower. Les 400 pièces concernées ne sauraient s’intégrer à la scénographie de la Maison Carrée, complètement saturée. Naît alors le projet du « palais des Arts ». Ce dernier prend place dans l’ancien hôpital général, aujourd’hui le lycée Daudet. L’ambition est de réunir dans ces lieux, la bibliothèque municipale, les musées, l’école de dessin, l’école de musique mais aussi le Conseil des prud’hommes et le Mont-de-piété. Une part des collections archéologiques s’y installe, mais doit rapidement réintégrer la Maison Carrée. En effet, un changement politique revient sur le projet de palais des Arts qui devient finalement le lycée qu’il est toujours aujourd’hui.

L’installation au collège des Jésuites (1892-1896)

Sous la pression de l’Académie de Nîmes, la bibliothèque, le muséum d’histoire naturelle et le musée archéologique, intègrent chacun leur tour l’ancien collège des Jésuites. Les collections archéologiques sont donc séparées des collections de Beaux-arts. Celles-ci trouveront un nouvel écrin dans un musée dédié, rue Cité-Foulc, édifié par Max Raphèle en 1907. Les premiers vestiges archéologiques intègrent l’ancien collège des Jésuites à partir de 1892. Puis il faut attendre 1896 pour voir s’achever le transfert. Cela dit, la finalisation du nouveau musée archéologique n’absorbe pas toutes les collections de la Maison Carrée qui conserve une scénographie rassemblant quelques chefs-d’œuvre considérés comme relevant davantage du domaine des beaux-arts que de l’archéologie : statues romaines, bijoux, monnaies, céramiques gréco-romaines… Le musée archéologique, lui, rassemble les collections lapidaires : stèles funéraires ou honorifiques inscrites, bornes milliaires et éléments d’architecture, ensemble de moulages antiques et médiévaux de Barthélémy Pocheville, et la très fameuse collection de maquettes en liège d’Auguste Pelet, représentant les grands monuments antiques d’Italie, de Grèce et de Narbonnaise.

Le retour de l’Apollon de Nîmes (1954)

En 1954, c’est le retour à Nîmes, après un séjour de plus d’un siècle à Paris, au musée du Louvre, d’une œuvre emblématique : l’Apollon de Nîmes. Découverte en août 1739 lors de l’aménagement des Jardins de la Fontaine, elle ne conserve d’original, d’après Ménard, que la tête et le buste, retrouvés séparés. L’érudit la qualifie alors comme l’un « des ouvrages les plus parfaits qu’ait produits l’antiquité ». Entre 1821 et 1823, le Vicomte de Forbin, directeur des musées royaux, en fait l’acquisition pour le musée du Louvre en l’échange de plâtres destinés à l’école de dessin de Nîmes. On pourrait croire que la ville de Nîmes est alors lésée, mais un témoignage du préfet du Gard de l’époque, nous apprend que le chef-d’œuvre est alors « oublié, négligé et abandonné, depuis si longtemps, à l’humidité et au dépérissement. »

Apollon de Nîmes

La professionnalisation de l’archéologie et les grandes découvertes

L’archéologie se professionnalisant, sous l’impulsion de conservateurs comme Félix Mazauric, Emile Espérandieu, Henry Bauquier et plus proche de nous, Victor Lassalle ; le mobilier des fouilles est souvent directement déposé au musée afin de garantir sa sauvegarde et sa présentation au public. Citons, par exemple, la découverte de la mosaïque aux Néréides en 1969-1970 ou d’un portrait probable d’Alexandre le Grand en 1982-1984.

1985 : la fin des collections à la Maison Carrée

En 1985, la Maison Carrée est définitivement vidée de toute collection. Les chefs-d’œuvre, dont l’Apollon de Nîmes, rejoignent bien souvent les réserves du musée archéologique. De même, l’emblématique mosaïque encastrée dans le dallage du temple est déposée et emportée par l’atelier spécialisé de Saint-Romain-en-Gal. Elle reste à l’état de dépose durant 38 ans et s’apprête à être restaurée en 2025-2026.

Le chantier archéologique de l’avenue Jean-Jaurès (2006-2007)

En 2006-2007, l’aménagement d’un parking souterrain, avenue Jean-Jaurès, ouvre un des plus importants chantiers archéologiques qu’aura connu Nîmes. Les recherches menées par l’Inrap courent sur une surface de 6000 m². Parmi les structures et le mobilier découverts, on dégage une très riche mosaïque, dans un état de conservation exceptionnel : la mosaïque de Penthée.

Photo : © D.Glicksman – INRAP

Fouille mosaïque de Penthée ©D.Glicksman - INRAP

La création du Musée de la Romanité

Le dynamisme de l’archéologie contemporaine sur le territoire ainsi que la richesse des collections déjà constituées engagent la municipalité à créer un musée qui soit à la hauteur du patrimoine antique nîmois. Dominique Darde, conservatrice en chef, directrice du musée archéologique de 1992 à 2022, conçoit alors le projet du Musée de la Romanité avec l’architecte Elizabeth de Portzamparc.

Photo : © Stéphane Ramillon – Ville de Nîmes

Musée de la Romanité ©Stéphane Ramillon

Un musée en expansion, depuis 2018

Depuis son inauguration en 2018, le musée est entré dans une nouvelle ère. Au plus proche des opérateurs de l’archéologie, il continue d’enrichir ses collections. En 2021, un pavement de marbre, découvert rue Fernand-Pelloutier et en 2023, une mosaïque en opus tesselatum provenant également de l’avenue Jean-Jaurès ainsi qu’une très étrange tête sculptée, sont en cours d’étude avant leur transfert prochain au Musée de la Romanité. Plus proche de nous encore, les fouilles menées en mai-juin 2024 rue de Beaucaire qui ont livré de nombreuses sépultures ainsi que les vestiges d’un mausolée de belle facture.

La collection d’un musée d’archéologie est toujours en mouvement, tournée vers le futur, car l’archéologie ne cesse d’explorer le territoire au gré des différents chantiers d’aménagement.

mosaïque