Qui étaient vraiment les Gaulois ? Déconstruire les clichés et redécouvrir leur civilisation

L’un des objectifs de l’exposition temporaire « Gaulois, mais Romains ! Chefs-d’œuvre du musée d’Archéologie nationale » est de rétablir quelques vérités autour des peuples gaulois. Aussi, de comprendre pourquoi les clichés sur les habitants de la Gaule ont traversé les siècles.

Nous vous proposons dans cet article de déconstruire certaines idées reçues. Ces dernières ont largement été contredites ces dernières décennies par les découvertes archéologiques. En préambule, il est important de rappeler que les « Gaulois » ne sont pas un peuple uni et uniforme. En réalité, il existe une soixantaine de tribus qui partagent des traits communs au niveau du langage, de la religion et de la culture matérielle.

Des peuples avant tout connus grâce à ceux qui les ont vaincus

César est le premier à les désigner sous le terme générique de « Gaulois ». Il définit également les limites de leur territoire, notamment par la frontière du Rhin à l’Est qui les séparent des Germains. Ils occupent un espace qui recoupe peu ou prou celui de la France, avec une portion de l’actuelle Belgique, de la Suisse, du Luxembourg et de l’Allemagne.

Ils ont laissé peu de traces écrites car leur culture était avant tout orale. C’est donc par les écrits produits par d’autres peuples – Grecs et Romains en première ligne – que des informations sur leur mode de vie sont parvenues jusqu’à nous. Le témoignage le plus complet reste celui de César dans ses « Commentaires sur la guerre des Gaules ».

Au XIXe siècle, sous l’impulsion de Napoléon III, les archéologues et les historiens s’intéressent à nouveau aux populations gauloises et reprennent de nombreux clichés sur les Gaulois issus de la littérature gréco-romaine.

Carte de la séparation de la Gaule © Les Fees Speciales Opixido

La chasse au sanglier

Le sanglier est systématiquement associé aux Gaulois dans notre imaginaire. Ce phénomène, nous le devons bien entendu à la célèbre bande-dessinée Astérix, dans laquelle les habitants du village gaulois se délectent à chaque fin d’aventure de sangliers rôtis lors de banquets gargantuesques. Mais cette idée est aussi due à une erreur d’interprétation archéologique : on a longtemps pris les longues canines retrouvées lors de fouilles pour celles de sangliers, alors qu’il s’agissait de restes de cochons sauvages.

En effet, le sanglier est un animal sacré dans la société celtique. Il symbolise la nature indomptable et figure sur les enseignes portées par les soldats dans les champs de bataille et sur les monnaies. Gibier noble, il est très peu consommé. Pour se nourrir, les Gaulois pratiquent l’élevage : bœuf, porc, mouton, chèvre, mais également – et plus surprenant pour nous – chien !

Scène de banquet extrait du film "La Gaule chevelue" © Les Fees Speciales Opixido

Les forêts impénétrables

Les Romains surnomment le territoire Gallia comata, la Gaule chevelue. Ce surnom fait peut-être allusion aux cheveux longs et aux barbes portés par les Gaulois, en opposition aux cheveux courts et à l’absence de barbe des Romains. Mais il peut également s’agir d’une évocation de leurs forêts épaisses et réputées impénétrables. Dans les faits, les populations défrichaient activement le paysage, relativement ouvert, pour développer l’agriculture et fournir du bois aux activités artisanales et aux constructions.

Contrairement à ce que l’on imagine, une partie de la population vit dans des villes aux enceintes fortifiées que l’on nomme oppida. L’oppidum gaulois constitue en effet l’une des premières formes urbaines en Europe occidentale.

Les campagnes comprennent un important maillage de fermes. Les plus grandes de ces fermes appartiennent à l’élite. En effet, les Gaulois pratiquent aussi l’agriculture et cultivent orge, blé, épeautre, lentilles, fèves… Les habitants de la Gaule n’étaient donc pas isolés : ils commerçaient avec Rome, mais aussi avec la Grèce.

Un village gaulois © Les Fees Speciales Opixido

 Des brutes épaisses

Les Romains nous ont laissé la vision d’un peuple belliqueux, querelleur et envahisseur… Les Gaulois sont bien de redoutables guerriers. Mais nous devons relativiser cette image pour le moins caricaturale.

En effet, ils étaient aussi d’excellents artisans. Ils étaient réputés pour leurs travaux de charpente et de métallurgie. Ils ont par exemple inventé la cotte de maille. Cette matière offre aux guerriers une protection solide tout en leur permettant une certaine souplesse dans les mouvements.

Enfin, ils prennent soin de leur apparence, arborent des coiffures soignées voire sophistiquées et se parent de bijoux. Les hommes et les femmes de l’aristocratie portent indifféremment tous ces éléments.

La société gauloise était hiérarchisée et divisée en trois catégories : l’aristocratie qui occupait les fonctions politiques et militaires, les druides qui présidaient aux affaires religieuses et les travailleurs (artisans, commerçants, agriculteurs, éleveurs, etc.).

Les clichés sur les gaulois - © Les Fees Speciales Opixido

La fin des clichés ?

L’archéologie nous permet de mieux comprendre les sociétés gauloises. Cependant, aujourd’hui, la presse et la culture populaire véhiculent encore certains stéréotypes.

Si vous souhaitez en savoir plus, rendez-vous au Musée de la Romanité pour découvrir l’exposition temporaire « Gaulois, mais Romains ! Chefs d’oeuvres du musée d’Archéologie nationale ». Vous pourrez y visionner son film d’introduction « Gaule chevelue : décoiffez les clichés ! ». 5 min pour se plonger dans ces stéréotypes !

👉 Pour préparer votre visite, ne manquez pas notre article « Exposition « Gaulois, mais Romains ! » : les pièces incontournables à ne pas manquer au Musée de la Romanité », qui vous présente une sélection des œuvres majeures à découvrir.

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