Comment s’appelait Nîmes au temps des Romains ?

Nîmes, célèbre pour son riche patrimoine antique (amphithéâtre, Maison Carrée), se nommait à l’époque romaine Colonia Augusta Nemausus. Ce nom, chargé de symbolisme, illustre à la fois l’origine celtique de la ville et l’importance qu’elle a acquise à l’époque romaine.

Mais comment cette cité est-elle née, et pourquoi les Romains lui ont-ils donné un rôle si central dans leur province ? Pour comprendre l’histoire de Nemausus, plongeons d’abord dans les origines de la ville, avant de découvrir comment elle a prospéré sous l’influence de Rome.

Vue des jardins de la fontaine

Les origines de Nîmes : une fondation celtique

L’installation des Volques Arécomiques

L’histoire de Nîmes commence bien avant l’arrivée des Romains, avec l’établissement des Volques Arécomiques, une tribu gauloise issue du peuple celte, vers la fin du VIe siècle avant J.-C. Attirés par la richesse naturelle de la région, ces peuples s’installent autour de la source de la Fontaine, située au pied du mont Cavalier. Cette source, procurant perpétuellement de l’eau, devient rapidement le centre névralgique de la petite communauté.

À ses débuts, la bourgade peu structurée était composée de modestes cabanes en terre et en bois. Ce n’est qu’à la fin du Ve siècle avant J.-C. que le site commence à s’urbaniser. Des habitations en pierre sont érigées, et le village prend une forme plus structurée.

La source sacrée et l’origine du nom Nemausus

Pour les Volques Arécomiques, la source de la Fontaine possédait également une dimension religieuse : elle était perçue comme un lieu sacré, investi d’une signification spirituelle profonde. Un culte lié à l’eau, rayonnant sur toute la région, va se développer. Le nom de la ville Namausos ou Nemausos, est issu de la racine celtique « nem » qui qualifie souvent des lieux liés à l’eau. Nîmes est « le village de la source sacrée », protégée par une divinité tutélaire, qui devient plus tard Nemausus, un dieu protecteur propre à la région.

Un site stratégique et symbolique

Le choix d’installer la première communauté au pied du mont Cavalier ne relevait pas uniquement de considérations religieuses. Le site, facilement défendable grâce à son relief, était idéal pour établir un oppidum, une place forte typique des Celtes. Par ailleurs, sa position géographique permettait de contrôler les voies de communication et de commerce entre la Méditerranée et l’arrière-pays.

Ainsi, avant même l’arrivée des Romains, Nîmes, ou plutôt Namausos ou Nemausos combinait des atouts spirituels, stratégiques et économiques.

Maison carrée de Nîmes

La colonisation romaine et la romanisation de Nîmes

Les victoires romaines et l’ouverture de la Gaule transalpine

Entre 125 et 118 avant J.-C., le général Cnaeus Domitius Ahenobarbus remporte des victoires décisives contre les peuples gaulois, ouvrant la voie à la domination romaine dans la région. Ces campagnes permettent à Rome de contrôler le sud de la Gaule, appelé plus tardivement la Gaule transalpine, une vaste zone s’étendant des Alpes aux Pyrénées, en passant par la vallée du Rhône.

Les Volques Arécomiques, intégrés dans cette région, maintiennent leur organisation sociale tout en incorporant progressivement les apports romains. La ville de Nîmes conserve son statut de chef-lieu des cités alentour.

La Via Domitia : un axe stratégique qui passe par Nîmes

Domitius marque son passage en Gaule par la construction d’un axe majeur, la Via Domitia, reliant Turin au col du Perthus, et traversant notamment Nîmes. Cet itinéraire stratégique facilitait les déplacements des troupes, mais aussi le commerce et les échanges entre l’Italie, les régions du sud de la Gaule et la péninsule ibérique.

Le passage de la Via Domitia transforme Nîmes en une étape clé de cet axe commercial. La ville devint un carrefour où se croisaient marchandises, voyageurs et idées, renforçant son importance régionale et ouvrant la voie à une prospérité économique durable.

Le titre de colonie de droit latin accordé par César

Le rôle de Nîmes dans la conquête romaine de la Gaule fut récompensé par Jules César, qui lui accorde le prestigieux titre de colonie de droit latin. Ce statut conférait à la ville une indépendance administrative tout en l’intégrant pleinement dans la sphère romaine. Les habitants de Nîmes obtenaient ainsi des droits et devoirs similaires à ceux des citoyens romains.

Grâce à ce statut, la culture latine s’enracine progressivement dans la ville. Les institutions, la langue et les coutumes romaines s’imposent, amorçant un processus de romanisation qui allait profondément transformer Nîmes.

Nîmes, une cité augustéenne modèle de romanité

À partir du règne d’Auguste (fin du Ier siècle avant J.-C.- début du Ier siècle après J.-C.), la ville se développe fortement.  Le premier empereur romain fait de Nîmes une cité modèle, symbole de la grandeur de Rome dans la Gaule Narbonnaise, nouvelle appellation de l’ancienne province Transalpine qui tire son nom de sa capitale Narbonne.

L’empereur Auguste dote Nîmes de monuments spectaculaires qui témoignent de l’adoption du modèle romain :

  • L’ancien sanctuaire gaulois de la Fontaine est remanié en sanctuaire impérial. Il comprend des portiques, un monument cultuel, un théâtre et la Tour Magne.
  • Des remparts monumentaux, longs de 6 km qui affirment l’adhésion de la ville et sa loyauté à Rome, ainsi sa puissance. Certaines portions et des portes comme celle de la Porte d’Auguste ou la Porte de France sont encore visibles aujourd’hui.
  • Le forum, centre politique, économique et religieux, où s’élevait la splendide Maison Carrée, un temple dédié à Caius et Lucius, les petits-fils adoptifs d’Auguste. Le plan et la décoration de ce temple, inspirés des modèles romains (temple d’Apollon in circo et de Mars Ultor), témoignent de l’importance accordée à la ville par la famille impériale.

Ces constructions marquent une nouvelle étape dans la transformation de Nîmes en une cité emblématique de la culture romaine, attirant commerçants et artisans de tout l’Empire.

Un amphithéâtre monumental

Parmi les monuments romains les plus emblématiques de Nîmes, l’amphithéâtre, (souvent appelé les arènes), témoigne de l’importance de la ville sous l’Empire romain. Construit vers le début du IIe siècle après J.-C., cet édifice imposant illustre à la fois le savoir-faire architectural des Romains et leur sens du spectacle.

Pouvant accueillir jusqu’à 24 000 spectateurs, l’amphithéâtre était conçu pour offrir à la population des divertissements variés, répondant aux goûts de l’époque. Le programme comprenait :

  • Les combats de gladiateurs : des affrontements parfois mortels entre hommes armés, symbolisant courage et honneur.
  • Les venationes : spectacles de combats d’animaux sauvages ou de chasses entre hommes et animaux
  • Les exécutions publiques : certains criminels ou esclaves étaient punis de manière spectaculaire, souvent lors de mises en scène mythologiques.

Ces spectacles étaient non seulement des divertissements, mais aussi des outils de propagande, rappelant la puissance de Rome et renforçant l’adhésion des habitants à l’Empire.

L’amphithéâtre de Nîmes, adopte la structure ovale classique parfaitement adaptée à l’accueil des foules : des gradins en pierre, des galeries pour faciliter la circulation, et un système ingénieux de voûtes pour soutenir l’ensemble. Aujourd’hui encore, ce monument est l’un des mieux conservés du monde romain, attirant des visiteurs fascinés par sa grandeur et son histoire.

Ampithéatre Romain de Nîmes
© Stephane
Ramillon Ville de Nîmes

 

Le symbole de l’« as» au crocodile

La monnaie dite « as » au crocodile représente un crocodile enchaîné à une palme. Elle symbolise la victoire d’Auguste sur l’Egypte en 31 avant J.-C., à l’issue de la bataille d’Actium et la fin de l’indépendance de ce pays. Très répandue dans le monde romain, elle a connu plusieurs émissions différentes, toutes frappées à Nîmes.

©Musée de la Romanité Nîmes

Avec le temps, cet emblème est devenu un symbole de la ville, apparaissant sur ses armoiries et toujours présent dans le paysage actuel.

Le riche passé de Nîmes, depuis son origine gauloise mais également à l’époque romaine, imprègne la ville contemporaine. Les monuments comme la Maison Carrée, aujourd’hui inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, l’amphithéâtre, la Tour Magne, la Porte d’Auguste témoignent de l’importance de la ville.

Pour celles et ceux qui souhaitent plonger encore plus profondément dans cette fascinante période, le Musée de la Romanité, situé au cœur de Nîmes, offre une expérience immersive unique. À travers ses riches collections, ses reconstitutions et ses dispositifs interactifs, le musée dévoile les secrets de la vie quotidienne, de l’architecture publique et privée, de l’artisanat, de la religion et le monde funéraire à l’époque romaine. Une visite incontournable pour comprendre l’héritage de Nemausus et revivre la grandeur de la civilisation romaine.

mosaïque