Le monde masculin dans la société grecque antique : éducation, travail, responsabilités et soins du corps des hommes grecs.

Introduction

Dans la société grecque antique le monde des hommes et celui des femmes sont bien distincts.

Les domaines et espaces propres au monde masculin sont l’extérieur de la maison et la vie publique. La politique, qui consiste à gérer la vie de la polis (c’est-à-dire de la ville), le sport et bien sûr la guerre sont réservés aux hommes.

L’éducation des hommes grecs

Les jeunes garçons des milieux aristocratiques vivent dans le gynécée (le lieu réservé aux femmes) jusqu’à l’âge de 7 ans. Pendant cette période, leur éducation est assurée par les femmes, qu’il s’agisse de leur mère ou de leur nourrice.

Par la suite, ils quittent le gynécée et leur père prend en charge leur éducation. À la différence des femmes, leur domaine d’action principal se situe à l’extérieur de la maison. Ils doivent se préparer à accomplir leur rôle civique, qui consiste à participer à la vie publique de la cité. Ils reçoivent une éducation, appelée paideia en grec, qui va les préparer à assumer leurs rôles politique et militaire dans la vie publique.

Les qualités exigées chez un homme sont le courage, l’endurance, la force physique, la maîtrise de soi, la ruse, les talents oratoires. Les modèles desquels s’inspirer sont Achille, Ulysse et Hector, trois héros de la guerre de Troie.
Le masculin est toujours associé à l’action.

Avant le VIIIe siècle avant  J.-C., les garçons sont généralement confiés à un adulte ami, comme c’est le cas d’Achille avec Phoenix ou Chiron (selon les versions du mythe). À partir du VIIIe siècle avant J.-C., ils sont confiés à des précepteurs professionnels privés ou ils vont dans des écoles, souvent situées dans le cadre du gymnase. Le gymnase est un bâtiment consacré, à l’origine, aux activités sportives. Ce mot provient de gymnos qui signifie « nu » car les athlètes sont nus lorsqu’ils pratiquent des exercices physiques. Progressivement, il devient aussi le lieu d’étude et de discussions philosophiques des jeunes hommes de bonne famille.

Les jeunes hommes sont formés à l’apprentissage de l’écriture, de la lecture et des mathématiques. Cette formation intellectuelle est ensuite complétée par l’apprentissage de l’art oratoire (ou rhétorique) qui va leur être indispensable pour prendre la parole dans l’assemblée politique, dans les procès, bref dans la vie publique. L’apprentissage de la musique, de la lyre en particulier, et de la poésie, fait également partie de leur formation.

Un autre pan essentiel de la formation des hommes grecs concerne le développement des qualités physiques. En Grèce, l’exercice des pratiques sportives a eu un rôle essentiel dans la cohésion entre citoyens. Ils sont formés aux disciplines sportives comme par exemple l’athlétisme (course, saut en longueur), le lancer du disque et du javelot, la lutte et le pugilat (ancêtre de la boxe). Cette formation permet à certains d’entre eux de participer aux jeux sportifs, mais elle les prépare surtout à accomplir une autre partie de leur devoir civique, la guerre. En effet, un bon citoyen est aussi un bon soldat.

  • Kylix attique à figures rouges représentant des scènes d'éducation - Musée des Antiquités, Rouen
    Kylix attique à figures rouges représentant des scènes d’éducation – Musée des Antiquités, Rouen

Travail, devoirs et responsabilités des hommes grecs

Le travail  principal du citoyen est de s’occuper des affaires de sa cité. Le travail est appelé ergon en grec et ce mot signifie aussi l’action. Dans la pratique, le citoyen doit participer aux assemblées et aux conseils au cours desquels les affaires de la cité sont discutées et tranchées. Il doit aussi occuper des charges administratives qui sont renouvelées chaque année par tirage au sort, comme par exemple celle de « bouleute », c’est-à-dire des membres faisant partie du Conseil (Boulé) d’Athènes, assemblée de citoyens ayant des pouvoirs législatifs et exécutifs.  

Le citoyen doit également être préparé à défendre la cité. À Athènes par exemple, les éphèbes, c’est-à-dire les jeunes hommes entre 18 et 20 ans, sont entraînés à la guerre en vue de leur entrée dans le corps civique. Ce moment, appelé l’éphébie, est une période d’entraînement, surtout militaire, qui dure environ deux ans. Il correspond à une phase de passage de l’adolescence à l’âge adulte.

Le travail manuel, comme l’artisanat ou les activités commerciales, est considéré comme non digne du citoyen. Les travaux pratiques sont réservés aux esclaves. En revanche, l’agriculture est présentée comme « la seule activité qui permet aux hommes libres de vivre en harmonie avec la nature et l’ordre divin ». Elle procure les biens indispensables à la vie. Le citoyen doit connaître les méthodes de culture et d’élevage de façon à savoir diriger les contremaîtres et les ouvriers. L’apprentissage de ces connaissances se fait vraisemblablement en accompagnant le père dans ces activités de gestion.

Les citoyens accomplissent également un rôle dans la gestion de la maison, en s’occupant des achats de nourriture au marché à la place des femmes.

  • Casque corinthien - Musée de la Romanité Nîmes
    Casque corinthien – Musée de la Romanité Nîmes
  • Aryballe corinthien (vase à parfum) - Musée de la Romanité Nîmes
    Aryballe corinthien (vase à parfum) – Musée de la Romanité Nîmes

Soins du corps chez les hommes grecs

Le corps masculin doit correspondre à un modèle précis : les pratiques gymniques et athlétiques permettent de « sculpter » des corps dont les artistes ont capturé l’image aussi bien en sculpture qu’en peinture sur la céramique.

Le guerrier (l’hoplite) est un homme revêtu d’une armure qui met en valeur son anatomie musclée. Achille, qui endosse les armes apportées par sa mère, représente le prototype du guerrier grec.

La propreté et les soins du corps sont considérés comme un des caractéristiques de « l’homme civilisé », de « l’homme en société ». L’homme grec de l’Antiquité possède une bonne hygiène et soigne donc son allure : la barbe et la chevelure sont deux éléments importants. Il faut les porter courts et bouclés, mais parfaitement disciplinés. Les hommes grecs disposent d’ailleurs de barbiers qui les coiffent convenablement. En revanche, les « barbares » (ceux qui parlent une langue incompréhensible) portent les poils hirsutes, considérés par les Grecs comme un signe de manque de culture.

De nombreux objets utilisés pour les soins du corps ont d’ailleurs été retrouvés lors de fouilles archéologiques ou à l’occasion de découvertes fortuites.

Avant la pratique sportive, le corps est préparé en massant les muscles avec des huiles conservées dans des récipients comme par exemple les aryballes. Ces objets sont d’ailleurs les mêmes que ceux que les femmes utilisent.
Puis, une fine couche de poudre composée d’argiles de différents types était appliquée sur le corps. Après l’entraînement ou la compétition, le corps était nettoyé du mélange d’huile, d’argile et de poussière à l’aide du strigile.
Cet objet, sorte de curette, est caractéristique des soins du corps. Il possède une forme particulière : il est allongé, étroit, creux, incurvé et son extrémité est arrondie. Le strigile peut être fabriqué avec différents types de matériaux. Ils peuvent être en métal : fer, bronze, électrum (qui est un alliage d’or et d’argent), mais on trouve aussi des strigiles en os, en ivoire, en corne ou encore en matière organique végétale comme le roseau.

  • Cuve de sarcophage : Achille à Skyros - Photo RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojeda
    Cuve de sarcophage : Achille à Skyros – Photo RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojeda
  • Amphore attique à figures rouges représentant une scène d'entrainement - Musée des Antiquités Rouen
    Amphore attique à figures rouges représentant une scène d’entrainement – Musée des Antiquités Rouen
  • Statue d'Arès (Mars) - Musée de la Romanité Nîmes
    Statue d’Arès (Mars) – Musée de la Romanité Nîmes
  • Aryballe piriforme corinthien (vase à parfum) - Musée de la Romanité Nîmes
    Aryballe piriforme corinthien (vase à parfum) – Musée de la Romanité Nîmes
  • Paire de strigiles - Musée de la Romanité Nîmes
    Paire de strigiles – Musée de la Romanité Nîmes

En conclusion

Les hommes grecs sont en charge de la gestion et de la défense de leur cité. Pour être en mesure d’assumer cela, ils reçoivent une formation aussi bien intellectuelle que physique. Leur domaine d’action principal est l’espace public.

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