L’exposition
Un mortel parmi les dieux
De la République à l’Empire
Octavien, petit-neveu et fils adoptif de Jules César, devient maître de Rome à l’issue d’une guerre civile, en 31 av. J.-C., et impose habilement une nouvelle forme de gouvernement, respectueuse en apparence des institutions républicaines : le Principat. Il accapare progressivement la puissance de la plupart des magistratures traditionnelles, concentrant le pouvoir politique entre ses mains et celle de son entourage. Les honneurs qui lui sont décernés tout au long de sa longue carrière politique, comme l’attribution du surnom d’Auguste, contribuent à construire une aura divine autour de sa personne, l’élevant au-dessus du commun des mortels. Il fonde ainsi en partie son pouvoir sur la sacralisation de sa fonction. Le culte de ses qualités, vertus et actions est progressivement intégré dans la religion publique sans créer de rupture avec le cadre religieux traditionnel, dont Auguste demeure le garant. Il ne sera ainsi jamais assimilé à un dieu ni destinataire d’un culte direct de son vivant en Occident.
© Daniel Martin Fouinoflex
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Hervé Lewandowski
© C. Carrier, R. Gafà/Ville de Nîmes
L’image de l’empereur
Tout au long de son règne, Auguste s’attache à donner de sa personne, de sa famille, de son projet politique, une image propre à légitimer son pouvoir et son action. L’idéologie du nouveau régime s’exprime à travers différents « médias » : littérature, numismatique, sculpture, arts précieux… Les différents lieux et ensembles architecturaux dédiés à la célébration de l’action impériale (temples, sanctuaires, forums, théâtres…) offrent un cadre à des programmes décoratifs dans lesquels les portraits dynastiques occupent une place centrale. Les images du prince et des membres de sa famille y sont entourées de divinités, d’abstractions divinisées, de références mythiques et religieuses et de motifs ornementaux à portée symbolique. L’installation, dans l’espace public, du portrait de l’empereur, qui assure sa présence, est garante de protection et de prospérité.
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Tony Querrec
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Tony Querrec
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Hervé Lewandowski
Divus Augustus
Auguste meurt le 19 août 14 ap. J.-C., à 75 ans. Le 17 septembre, quelques jours après ses funérailles, le Sénat vote les honores caelestes, « honneurs célestes » qui le placent « au ciel » avec les dieux (apotheosis en grec, apothéose). Cette procédure est appelée en latin consecratio (attribution de la qualité divine). Admis dans l’assemblée des dieux au rang de divinité secondaire, le prince devient ainsi divus (divin) mais non deus (dieu), terme réservé aux dieux immortels. Cette consecratio est l’aboutissement d’une accumulation d’hommages officiels et spontanés reçus par Auguste tout au long de son règne. Elle constitue un enjeu politique car elle assure la transmission du pouvoir à Tibère, devenu fils du divin Auguste, en lui conférant une légitimité par ascendance divine. La consecratio d’Auguste s’appuie sur des précédents : l’apothéose légendaire de Romulus, fondateur mythique de Rome, et la divinisation de Jules César. Elle ouvre la voie à la divinisation post mortem de la plupart des empereurs et de quelques rares membres de leur famille qui seront honorés jusqu’à la fin de l’Empire.
S. Ramillon/Ville de Nîmes
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Tony Querrec
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Hervé Lewandowski
© L. Roux
Honorer l’empereur en narbonnaise
Hommages publics
Dans les provinces occidentales, et notamment en Gaule, les hommages adressés à la maison impériale constituent des manifestations de loyauté politique de la part des autorités locales qui cherchent à établir un lien avec la nouvelle administration. Le pouvoir central encourage d’abord ces initiatives avant de leur donner progressivement un cadre institutionnel. Peu à peu, le « culte » rendu au Génie du prince régnant, ainsi qu’aux divi, empereurs et membres de la famille impériale divinisés après leur mort, sera organisé et officialisé à différents niveaux administratifs. En Occident, le prince n’est pas honoré seul, il est généralement associé à la déesse Rome. Ainsi, en 12 av. J.-C., un culte de Rome et d’Auguste est mis en place à l’échelon fédéral avec la consécration d’un autel à Lyon, capitale des Trois Gaules. A l’échelon provincial, les honneurs rendus à l’empereur et aux divi sont à la charge des assemblées des cités des provinces. Enfin, à l’échelon municipal, les formes du culte varient selon le statut de la cité (colonies, municipes ou cités pérégrines).
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Hervé Lewandowski
© S. Ramillon/Ville de Nîmes
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Anne Chauvet
© RMNGP/Franck RAUX
Hommages privés
La découverte de portraits impériaux dans des lieux privés (maisons, villas) et semi-publics (sièges de corporations), associée au témoignage des sources littéraires atteste l’existence d’une dévotion individuelle à l’égard de l’empereur. Les particuliers prient pour la sauvegarde (pro salute) du chef de l’Etat dont dépendent la paix et la prospérité de l’Empire. Le poète romain Ovide, par exemple, sacrifie de l’encens et prie dans sa maison devant les effigies d’Auguste, de Livie, et des princes Tibère, Germanicus et Drusus.
Par ailleurs, les thèmes iconographiques « héroïsants » ou « divinisants », importés de Grèce par les généraux et hommes politiques de la fin de la République, puis adoptés dans l’art officiel à l’époque impériale, sont récupérés dans les décors privés, notamment funéraires. Ce langage figuré parle à toutes les couches de la société romaine habituée à interpréter les images et les symboles.
Hommages privés
La découverte de portraits impériaux dans des lieux privés (maisons, villas) et semi-publics (sièges de corporations), associée au témoignage des sources littéraires atteste l’existence d’une dévotion individuelle à l’égard de l’empereur. Les particuliers prient pour la sauvegarde (pro salute) du chef de l’Etat dont dépendent la paix et la prospérité de l’Empire. Le poète romain Ovide, par exemple, sacrifie de l’encens et prie dans sa maison devant les effigies d’Auguste, de Livie, et des princes Tibère, Germanicus et Drusus.
Par ailleurs, les thèmes iconographiques « héroïsants » ou « divinisants », importés de Grèce par les généraux et hommes politiques de la fin de la République, puis adoptés dans l’art officiel à l’époque impériale, sont récupérés dans les décors privés, notamment funéraires. Ce langage figuré parle à toutes les couches de la société romaine habituée à interpréter les images et les symboles.
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Gérard Blot
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Daniel Lebée/Carine Déambrosis
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre)/Thierry Ollivier
© RMN-Grand Palais (musée d’Archéologie nationale)/Franck Raux/Dominique Couto