Archéologie d’hier à aujourd’hui : origines, pratiques et enjeux actuels

L’exposition « Gaulois, mais Romains ! Chefs-d’œuvre des collections du musée d’Archéologie nationale », qui se tient actuellement au Musée de la Romanité à Nîmes, présente les particularités de la civilisation gallo-romaine, fruit du maintien des traditions gauloises et de l’assimilation des apports romains.

Ces particularités sont bien documentées par l’archéologie qui concourt, avec d’autres disciplines, à l’affinement des connaissances sur le passé.

À l’origine de l’archéologie : le rôle des antiquaires, érudits et collectionneurs

L’archéologie, cette « science des choses anciennes », telle que nous la concevons aujourd’hui, s’est formée récemment tandis que la description, la collecte et la conservation des vestiges matériels du passé se pratiquent depuis longtemps.

Dès l’Antiquité et au cours du Moyen Âge, les textes anciens et les traces matérielles du passé sont étudiés. Pendant la Renaissance, l’apport du dessin et du relevé architectural permet la reproduction assez fidèle des vestiges. Durant le siècle des Lumières, les objets issus des « découvertes fortuites », au cours de travaux agricoles ou d’aménagements urbains, enrichissent les collections des antiquaires, érudits ou particuliers. Ces découvertes sont ainsi documentées et publiées, élargissant ainsi les connaissances et favorisant l’émulation pour la recherche.

Tombe d'une riche notable de l'expo "Gaulois, mais Romains !"

Cependant, cet engouement engendre, en parallèle, le développement d’un commerce alimenté par ces découvertes mais également par des « fouilles » clandestines destructrices car elles perturbent tout le contexte historique nécessaire à la compréhension des vestiges.

Du trésor à la fouille : de la recherche du « bel objet » à l’émergence d’une discipline

De nombreux objets possédant une valeur esthétique forte telle que les mosaïques, la statuaire, la vaisselle et la céramique luxueuses, les bijoux, les objets métalliques (armes, vaisselle, objets destinés à l’hygiène et la toilette), les monnaies… sont très recherchés pour être vendus à des collectionneurs, moins soucieux de l’aspect patrimonial porté par ces objets.

Malheureusement, une partie de ces découvertes n’est pas jugée digne d’être conservée et certains objets sont remployés ou refondus pour en fabriquer de de nouveaux.

Trésor de Champoulet de l'exposition "Gaulois, mais Romains !"

À la suite de la Révolution et tout au long du XIXe siècle, l’archéologie s’affirme comme une discipline scientifique à part entière. L’étude des vestiges et monuments ainsi que leur documentation systématique accompagnent désormais l’histoire et l’étude des sources écrites.

Elle contribue à la création d’une histoire nationale soutenue par les sociétés savantes qui émergent, et les musées archéologiques qui se développent. Parmi eux, le musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye, créé par Napoléon III en 1862 et inauguré en 1867, illustre bien cet essor.

Buste de Napoléon en bronze de l'exposition "Gaulois, mais Romains !"

Conçu dès l’origine comme un musée scientifique et didactique mais aussi un centre de recherches, il présente des collections de la période gauloise jusqu’au début du Moyen Âge, classées chronologiquement, assorties de cartels, et dont la provenance est connue. Elles proviennent majoritairement de dons, notamment ceux de Napoléon III lui-même, qui finance des fouilles sur des grands sites, comme Alésia (Alise-Sainte-Reine), afin de retrouver les traces de la guerre des Gaules, décrite dans le récit de Jules César.

Canthare d'Alésia de l'expositition "Gaulois, mais Romains !"

Tout au long du XXe siècle, l’archéologie se structure, affine ses méthodes et ses protocoles afin de répondre à des problématiques scientifiques. Le principe de fouille par couches successives (strates), de l’enregistrement des données (relevés graphiques, photographies…) et de publication des données se systématise. Elle aborde dorénavant tous les aspects de la vie quotidienne dans des contextes ruraux ou urbains, sans priorisation du caractère esthétique.

Elle s’est d’ailleurs ouverte à d’autres domaines comme le paléo-environnement, reconstitué grâce à la palynologie (étude des pollens), la carpologie (étude des charbons), la dendrochronologie (étude des cernes d’arbres)…

Chaussure de soldat en cuir de l'exposition "Gaulois, mais Romains !"

L’archéologie aujourd’hui : une science reconnue

L’archéologie est donc désormais une discipline encadrée par des textes de loi et menée par des professionnels à des fins de connaissance. Elle s’inscrit comme une science qui permet la perception et la compréhension des sociétés du passé. Elle intervient dans des contextes préventifs (en amont des travaux d’aménagement) ou programmés (sur des sites non menacés).

Mais le pillage continue…

Cependant, les pillages de sites archéologiques qui alimentent le trafic, illicite mais très lucratif, des biens culturels se perpétuent, condamnant ainsi la recherche à une disparition dramatique d’informations irremplaçables. Or, le patrimoine archéologique constitue un bien commun, sa protection ainsi que sa préservation sont indispensables à sa transmission aux générations futures.

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