L’exposition « Achille et la guerre de Troie »

Les origines de la guerre de Troie

Pour punir l’humanité de ses péchés et réduire la population sur Terre, Zeus, maître de l’Olympe, planifie avec sa conseillère Thémis, divinité de la Justice, de la Volonté et de la Loi éternelle, les événements qui déclencheront la guerre de Troie.

Basés sur des événements historiques avérés, les récits épiques de la guerre de Troie renvoient cependant à une époque légendaire révolue où les dieux côtoyaient les hommes et les héros, au sein d’un même monde.

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À la plus belle

Les dieux Zeus et Poséidon courtisent la Néréide Thétis, une importante divinité marine. Lorsqu’un oracle prédit qu’elle mettra au monde un fils qui surpassera son père, Zeus renonce à Thétis et l’offre en mariage, contre son gré, au roi mortel Pélée. Lors des magnifiques noces organisées sur le mont Pélion, les dieux apportent de nombreux cadeaux aux jeunes époux. Éris, déesse de la Discorde, furieuse d’avoir été exclue des noces, décide de se venger. Elle perturbe le banquet en lançant une pomme en or portant l’inscription « à la plus belle ». Les déesses Héra, Athéna et Aphrodite revendiquent toutes trois ce titre, mais Zeus refuse de les départager. Il ordonne alors à Hermès, le messager des dieux, de les conduire auprès de Pâris, sur le mont Ida (Asie Mineure, Turquie actuelle), afin qu’il désigne laquelle des déesses est vraiment la plus belle. Pâris est lui-même considéré comme le plus beau des hommes et celui dont le cœur est le plus pur.

Vénus anadyomène - Cécile Carrier, Musée de la Romanité / Ville de Nîmes

Le choix de Pâris

Pâris est l’un des fils de Priam, roi de Troie, et de son épouse Hécube. Peu avant sa naissance, Hécube rêve qu’elle met au monde une torche qui enflamme la ville de Troie. Ce songe annonce que l’enfant à naître va causer la ruine de Troie. À sa naissance, elle abandonne l’enfant sur le mont Ida qui est recueilli par un berger qui l’élève. Un jour, alors que Pâris surveille les troupeaux sur le mont Ida, Athéna, Héra et Aphrodite, accompagnées d’Hermès, lui apparaissent. Suivant la volonté de Zeus, il doit arbitrer leur querelle. Afin de gagner, Athéna lui promet la sagesse et la victoire, Héra la domination de toute l’Asie Mineure et Aphrodite, l’amour d’Hélène, la plus belle femme du monde. En choisissant Hélène et en la soustrayant à son mari Ménélas, roi de Sparte, Pâris va provoquer la guerre de Troie.

Médaillon de tunique copte - Irwin Leullier / Musée de Picardie

Achille, la genèse d’un héros

 

La naissance d’Achille

Sept enfants naissent de l’union de Pélée, un humain, et de la déesse Thétis. Celle-ci souhaitant les rendre immortels, leur inflige un traitement qui cause leur mort. Seul le dernier survit : il s’agit d’Achille. Deux versions différentes évoquent la tentative de Thétis d’ôter la part d’humanité de son fils. Pour l’une, elle l’expose au feu. Sauvé par son père, Achille n’a que l’osselet du pied droit atteint. Le centaure Chiron, protecteur de Pélée, réputé pour ses compétences en médecine, remplace cet os par celui du géant Damysos connu de son vivant pour ses qualités de coureur. Cet héritage expliquerait les aptitudes particulières d’Achille à la course et sa rapidité légendaire. Selon la seconde version, Thétis plonge son fils dans les eaux du Styx, fleuve des Enfers, qui possède la propriété de rendre invincibles ceux qui y sont baignés. Le talon droit, par lequel Thétis tient son fils, n’ayant pas été immergé, va constituer le seul point vulnérable d’Achille.

 

Chiron, l’éducation d’Achille

Achille incarne le héros idéal : beau, excellent combattant, insensible à la peur. Maîtrisant l’art de la lyre et du chant, ses mélodies apaisent ses tracas et ceux de ses compagnons. D’un caractère violent et ombrageux, il aime la gloire. Il peut toutefois se montrer hospitalier, y compris envers ses ennemis, et fidèle en amitié. Selon les versions du mythe, il est élevé par sa mère ou par le centaure Chiron dans sa grotte du mont Pélion, avec son compagnon Patrocle. Chiron lui enseigne l’art de la chasse et de la guerre, l’art musical, la morale et la médecine. Son éducation contribue à forger ses compétences physiques, ses connaissances et ses valeurs morales. Cette éducation est conforme au concept antique de la paideia. Basé sur l’acquisition de savoirs littéraires, poétiques, scientifiques, ainsi que sur la pratique musicale et sportive, ce système éducatif vise à former des citoyens dotés d’une perfection morale, d’une excellente culture, capables de porter les lois de la cité et du vivre ensemble.

 

Achille à Skyros

Selon la prédiction du devin Calchas, seule la participation d’Achille à la guerre de Troie conduira les Grecs à la victoire mais elle sera la cause de sa mort. Sa mère, Thétis, décide de soustraire son fils à ce destin en l’envoyant, encore enfant, vivre à la cour du roi Lycomède sur l’île de Skyros. Dissimulé parmi les filles du roi, il y passe de nombreuses années sous le nom de Pyrrha (la rousse). De son union avec Déidamie, l’une des filles du roi, naîtra son fils Néoptolème (Pyrrhus). Les Grecs, instruits de la prédiction, envoient Ulysse et Diomède en mission à Skyros afin de retrouver Achille et de le persuader de participer au conflit à venir. Ulysse emploie sa célèbre ruse pour le démasquer : il présente au roi une corbeille débordant d’objets destinés à ses filles, corbeille contenant également des armes cachées. Lorsqu’il fait sonner la trompe de guerre, Achille, suivant son instinct, se précipite sur les armes, dévoilant ainsi sa véritable identité.

  • Le Styx - Anna Maria Riccobono pour Territorium.io
    Le Styx – Anna Maria Riccobono pour Territorium.io
  • Achille et Chiron - Anna Maria Riccobono pour Territorium.io
    Achille et Chiron – Anna Maria Riccobono pour Territorium.io
  • Mosaique d'Achille à Skyros - Musée de la Romanité / Ville de Nîmes
    Mosaique d’Achille à Skyros – Musée de la Romanité / Ville de Nîmes

Achille et la guerre de Troie

Le choix des armes

À Skyros, Thétis annonce à Achille le choix de sa destinée : participer à la guerre de Troie et mourir en pleine jeunesse, ou refuser de combattre et vivre longtemps. Malgré les efforts de sa mère pour le protéger, il va choisir son destin. À une vie heureuse et longue mais sans éclat ni renommée, il va préférer une mort précoce qui lui procurera une gloire éternelle. Il rejoint alors les rangs de l’armée grecque. Cette décision marque le commencement de l’ultime étape de sa vie : après l’enfance studieuse et paisible auprès de Chiron, l’adolescence protégée dans le gynécée (lieu réservé aux femmes) de Lycomède, s’ouvre désormais à lui l’âge adulte et le monde de la guerre. Achille s’illustre dans les combats et porte l’armée grecque par son courage et sa vaillance. Il est le plus grand des guerriers et nul ne peut l’égaler sur Terre. Ainsi va se forger l’image et la réputation d’Achille : le héros par excellence et le modèle absolu de virilité.

Buste cuirassé - Stéphane Ramillon / Ville de Nîmes

Les dieux à la manœuvre

La guerre qui oppose Grecs et Troyens, divise également les dieux. Malgré l’injonction de Zeus de ne pas intervenir, ils orientent constamment les actions humaines et favorisent l’un ou l’autre camp. Héra et Athéna, lésées par la décision de Pâris, soutiennent farouchement les Grecs. Thétis cherche à protéger et sauver son fils. Héphaïstos, fidèle à Thétis, forgera les nouvelles armes d’Achille. Apollon, fondateur des remparts de Troie est le protecteur de la ville. Initiateur de la peste qui ravage le camp grec, il dirigera la flèche qui causera la mort d’Achille. Sa sœur jumelle Artémis décide de se ranger à ses côtés. Aphrodite protège l’idylle entre Pâris et Hélène tandis que Poséidon et Arès oscillent d’un camp à l’autre. Zeus, le dieu suprême, refuse de se prononcer et condamne ou soutient autant les deux parties. Il ne veut pas non plus avantager l’un ou l’autre de ses enfants, son frère, ou sa sœur-épouse. Dans l’arbitrage du duel entre Achille et Hector (héritier du trône de Troie), il s’en remet à la balance des destins qui jugera de leur sort.

Drachme à l’effigie de Zeus (Jupiter) - Nîmes, Musée de la Romanité

Achille, le héros de la guerre de Troie

Achille s’oppose violemment à Agamemnon, le plus puissant des rois, chef suprême de la coalition grecque, et conteste son autorité. Offensé d’être dépossédé de Briséis, son trophée de guerre, il se retire des combats. Une longue période de débâcle s’ensuit pour l’armée grecque. Malgré la promesse d’une récompense extraordinaire, Achille refuse de se battre. Afin de remotiver l’armée, son compagnon Patrocle revêt son armure pour se substituer à lui. Le subterfuge fonctionne jusqu’à ce qu’Hector, fils de Priam, l’abatte. Fou de douleur, Achille reprend le combat et tue Hector. Par vengeance, il traîne son cadavre autour de Troie mais accepte de le rendre à Priam, venu le supplier. Lors de son dernier combat, il contraint les Troyens à refluer vers leur ville mais la flèche tirée par Pâris et guidée par Apollon atteint son seul point vulnérable, le talon. Succombant à sa blessure, il ne connaîtra pas la prise de Troie. Une lutte s’engage alors autour du corps d’Achille qu’Ajax le Grand parvient à récupérer.

Oenochoe combat Achille et Hector - Serge Oboukhoff © BnF-CNRS-MSH Mondes

16 oeuvres majeures

  • Drachme à l’effigie de Zeus (Jupiter)

    Drachme à l’effigie de Zeus (Jupiter)

    196-146 av. J.-C. – Argent
    Provenance inconnue – Nîmes, Musée de la Romanité

    La drachme est une monnaie en argent de la Grèce antique. Celle que l’on retrouve dans l’exposition représente Zeus (Jupiter), le roi des dieux grecs. Il est représenté de profil, portant une couronne de laurier sur sa chevelure mi- longue et ondulée. Cette monnaie a été frappée par la ville de Larissa en Thessalie, entre 196 et 146 avant J.-C.

    L’histoire qu’elle raconte

    Zeus est à l’origine de la guerre de Troie. En accord avec Thémis, la déesse de la Justice, il décide de déclencher une guerre entre les Grecs et les Troyens, peut-être pour punir les hommes devenus trop nombreux et arrogants. Éris, la déesse de la discorde, va servir ce plan divin. Lors des noces de Pélée et Thétis (les futurs parents d’Achille) auxquelles elle n’a pas été invitée, elle sème la zizanie entre les déesses Héra, Athéna et Aphrodite. Elle jette à leur pied une pomme d’or destinée « à la plus belle ».

    Photo © Ville de Nîmes / Musée de la Romanité

  • Médaillon de tunique copte

    Médaillon de tunique copte

    Ve – VIe s.  ap. J.-C. – Lin et laine, toile et tapisserie
    Antinoë ? – Amiens, Musée de Picardie

    Ce fragment de tunique (?) en lin et laine représente le jugement de Pâris. Il est daté des Ve – VIe siècles après J.-C. et provient peut-être de la ville d’Antinoë en Égypte. Six personnages sont disposés sur deux registres superposés : en haut se trouvent, Zeus (Jupiter) assis sur un trône entouré de Pâris et Hermès, en bas se trouvent Héra (Junon), Aphrodite (Vénus) et Athéna (Minerve).

    L’histoire qu’elle raconte

    Suite à la provocation d’Éris, chacune des trois déesses veut donc cette pomme destinée à « la plus belle ». Mais Zeus refuse de les départager, craignant l’inimitié des exclues. Il décide que le choix sera fait par Pâris, un jeune berger qui fait paître ses moutons sur le Mont Ida, près de la riche et puissante ville de Troie.  Hermès, le dieu messager, accompagne les déesses auprès de lui. Pâris, qui est en réalité un des fils de Priam, le roi de Troie, choisit Aphrodite. Cette dernière a promis de lui donner, s’il la choisit, l’amour de la plus belle femme du monde.

    Photo © Alyx Taounza-Jeminet, Licence Ouverte via Wikimedia Commons

  • Vénus de Nîmes

    Vénus de Nîmes

    Léopold Mérignargues – XIXe – XXe siècle
    Plâtre – Nîmes, Musée des Beaux-Arts, dépôt de la famille Mérignargues

    Cette statue représente la déesse Aphrodite (Vénus) sortant du bain : elle est nue et retient son manteau autour de ses hanches. Il s’agit de la copie d’époque moderne, en plâtre, d’une statue romaine découverte à Nîmes en 1873. Cette copie a été réalisée par le sculpteur nîmois Léopold Mérignargues (1843-1916).

    L’histoire qu’elle raconte

    Aphrodite est la déesse de la beauté, de l’amour et de la passion. Lors des noces de Pélée et Thétis, elle est mise en compétition avec Héra et Athéna par Éris, la déesse de la Discorde, qui a jeté à leur pied une pomme d’or portant l’inscription « à la plus belle ». Tous les dieux présents aux noces et elle-même sont persuadés que cette pomme lui revient d’office. Or Athéna et Héra revendiquent également ce titre. Il reviendra au berger Pâris, fils de Priam roi de Troie, de trancher. Son choix se portera sur Aphrodite et aura des conséquences funestes.

    Photo © Cécile Carrier, Musée de la Romanité / Ville de Nîmes

  • Amphore représentant Hélène entre Achille et Hector

    Amphore représentant Hélène entre Achille et Hector

    520-510 av. J.-C. – Terre cuite
    Provenance inconnue – Bordeaux, Musée d’Aquitaine

    Cette amphore attique à figures noires représente trois protagonistes de la guerre de Troie : Hélène, la femme pour laquelle la guerre fût déclarée, Achille le plus fort des guerriers grecs et Hector le plus fort des guerriers troyens. Elle est datée de la fin du VIe siècle avant J.-C.

    L’histoire qu’elle raconte

    La plus belle femme au monde, promise par Aphrodite à Pâris, se révèle être Hélène, l’épouse de Ménélas, le roi  de Sparte. Pâris est envoyé à Sparte pour une ambassade par son père Priam, le roi de Troie. Accueilli à la cour de Ménélas avec tous les honneurs, il voit Hélène et en tombe immédiatement amoureux. Avec le concours d’Aphrodite qui doit honorer la promesse qu’elle a faite à Pâris, Hélène tombe également amoureuse du prince troyen et décide de le suivre. Profitant de l’absence de Ménélas, Pâris et Hélène partent ensemble pour Troie. Quand le roi découvre la fuite de son épouse, il décide de faire appel à son frère Agamemnon, roi de Mycènes et chef charismatique des rois grecs. Ils choisissent de rassembler toutes les forces grecques pour aller récupérer Hélène à Troie.

    Photo © Mairie de Bordeaux, Musée d’Aquitaine, photo L. Gauthier

  • Hydrie représentant Achille et Ajax jouant aux dés ou aux astragales

    Hydrie représentant Achille et Ajax jouant aux dés ou aux astragales

    510 av. J.-C. – Terre cuite
    Provenance inconnue – Nîmes, Musée de la Romanité

    Cette hydrie (vase pour transporter de l’eau) attique à figures noires représente une scène de jeu. Les protagonistes sont Achille à gauche et Ajax à droite. Les deux héros jouent sous le regard de la déesse Athéna (Minerve). Ce vase est daté de la fin du VIe siècle avant J.-C.

    L’histoire qu’elle raconte

    Cet épisode n’est pas raconté dans l’Iliade ni dans les autres sources littéraires cycle troyen. On le connaît uniquement par le biais de représentations sur des vases attiques à figures noires. Les deux héros sont en train de jouer aux dés ou aux astragales (osselets). Plusieurs hypothèses ont été formulées : la scène pourrait illustrer un simple moment de jeu dans l’attente de la bataille ou un rituel de cléromancie (l’art de lire l’avenir) à la veille du combat. De manière générale, on pourrait y voir un « arrêt sur image » illustrant un passe-temps des soldats : en effet, pendant les neuf premières années de guerre, les temps morts furent nombreux.

    Photo © Stéphane Ramillon / Ville de Nîmes / Musée de la Romanité

  • Sarcophage d’Achille à Skyros

    Sarcophage d’Achille à Skyros

    210-220 ap. J.-C. – Marbre blanc – Provenance inconnue
    Paris, Musée du Louvre, Département des Antiquités Grecques, Étrusques et Romaines
    Œuvre dite MNR (Musées nationaux récupération)

    Tout comme la mosaïque issue des fouilles du parking Jean-Jaurès, ce sarcophage au riche décor en relief représente le moment du choix d’Achille. Achille, au centre de la scène, se défait des habits féminins qui lui avaient permis de se cacher, et saisit des armes. Il est entouré par les filles du roi Lycomède, dont Déidamie qui essaie de le retenir, et par Ulysse et Diomède. Ce sarcophage fait partie des œuvres spoliées pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est en attente de restitution à ses légitimes propriétaires. Il est daté du début du IIIe siècle après J.-C.

    L’histoire qu’elle raconte

    Ulysse et Diomède sont chargés par Agamemnon de retrouver Achille et de le convaincre de rejoindre l’expédition contre Troie. Ils savent qu’il se cache à Skyros, mais la ruse de Thétis le rend méconnaissable (elle l’a habillé en fille). Ulysse conçoit donc une astuce pour pousser Achille à se découvrir. Diomède et lui se rendent à la cour du roi Lycomède et apportent des cadeaux pour les filles du roi. Mais parmi les quenouilles et les fuseaux destinés aux filles, ils glissent des armes. Les filles du roi sont effrayées à la vue de ces objets tandis qu’Achille ne peut pas résister au désir de s’en saisir. Ainsi démasqué, il  choisit d’affronter son destin et de se joindre à l’armée grecque.

    Photo © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojeda

  • Mosaïque d’Achille à Skyros

    Mosaïque d’Achille à Skyros

    150-200 ap. J.-C. – Calcaire, marbre, verre, terre cuite
    Nîmes (30), avenue Jean-Jaurès, 2007 – Nîmes, Musée de la Romanité

    Cette mosaïque a été découverte à Nîmes en 2007, lors d’une fouille préventive réalisée sur l’avenue Jean-Jaurès. Les mosaïques d’Achille et de Penthée décoraient deux vastes pièces de réception d’une grande domus (maison urbaine). La mosaïque d’Achille met en scène le moment où Achille est démasqué par Ulysse et fait le choix de quitter la protection du gynécée  (lieu réservé aux femmes) pour affronter son destin héroïque. La scène figurée occupe la partie centrale d’une mosaïque quicouvrait la totalité du sol de la grande pièce de réception qu’elle décorait (53 m2). Dans l’exposition, seule une partie de la mosaïque (36 m2) est présentée. La mosaïque a été « découpée » en plusieurs panneaux lors de sa restauration, notamment pour en faciliter la manipulation. La mosaïque est datée dans la deuxième moitié du IIe siècle après J.-C.

    L’histoire qu’elle raconte

    Thétis, la mère d’Achille, sait grâce à un oracle que son fils Achille est voué à une mort certaine s’il accepte de participer à l’expédition militaire contre Troie. Elle cherche donc à le protéger en lui faisant changer d’identité (en l’habillant en fille) et en le cachant dans le gynécée des filles du roi de Skyros, Lycomède. Mais les Grecs savent que sans Achille, ils perdront la guerre contre Troie. Ulysse et Diomède se rendent donc à Skyros et, grâce à une ruse, poussent Achille à se dévoiler et à choisir de rejoindre l’armée grecque.

    Photo © Ville de Nîmes / Musée de la Romanité

  • Coupe représentant les scènes de la vie d’Achille

    Coupe représentant les scènes de la vie d’Achille

    1100-1125 – Bronze – Provenance inconnue
    Paris, Bibliothèque nationale de France, Département des monnaies, médailles et antiques

    Cette coupe en bronze est entièrement décorée par des scènes figurées gravées. Sept tableaux racontent des épisodes emblématiques de la jeunesse d’Achille. Les armes et les habits représentés permettent de la dater du début du XIIe siècle et d’en situer la réalisation dans des ateliers de l’Italie méridionale.

    L’histoire qu’elle raconte

    En se basant sur l’Achilléide, poème écrit par le poète romain Stace à la fin du Ier siècle après J-C., l’artiste raconte certains épisodes de la vie d’Achille :

    • son arrivée auprès du Centaure Chiron sur le Mont Pélion pour parfaire son éducation,
    • son transfert par sa mère Thétis à la cour du roi de Skyros, Lycomède, afin de le soustraire à son destin tragique et héroïque,
    • son dévoilement par Ulysse qui l’amène à choisir son destin,
    • ses préparatifs pour le départ vers la guerre,
    • sa demande en mariage à Déidamie, fille du roi Lycomède avec qui il a une relation secrète,
    • et pour terminer, son départ en bateau vers la guerre.

    Photo © Bibliothèque nationale de France

  • Oenochoé représentant l’ambassade d’Ulysse auprès d’Achille

    Oenochoé représentant l’ambassade d’Ulysse auprès d’Achille

    550-500 av. J.-C. – Terre cuite – Provenance inconnue
    Paris, Bibliothèque nationale de France, Département des monnaies, médailles et antiques

    Cette œnochoé (cruche à vin) attique à figures noires représente la rencontre, sous la tente d’Achille, entre les deux héros. Ulysse est assis sur un siège face à Achille, assis également, qui s’est enveloppé dans son manteau. Ce vase est daté de la deuxième moitié du VIe siècle avant J.-C.

    L’histoire qu’elle raconte

    Dans la dixième année du conflit, Achille se retire des combats, offensé par Agamemnon qui lui a enlevé Briséis, son esclave et trophée de guerre. Il reste dans sa tente et joue de la lyre. Mais son absence affaiblit les Grecs face aux attaques des Troyens. La situation devient tellement critique qu’Agamemnon décide d’envoyer une ambassade composée d’Ulysse, d’Ajax et de Phénix pour tenter de convaincre Achille de reprendre les armes. Ulysse est ici représenté en train de parler avec Achille, qui est dépeint dans une attitude prostrée et renfrognée. Cet épisode est raconté au chant IX de l’Iliade.

    Photo © Bibliothèque nationale de France

  • Miroir représentant Thétis armant Achille

    Miroir représentant Thétis armant Achille

    300 av. J.-C. – Bronze – Provenance inconnue
    Paris, Bibliothèque nationale de France, Département des monnaies, médailles et antiques

    Ce miroir étrusque est gravé d’une scène représentant l’armement d’un guerrier. Il s’agit plus précisément de la Néréide Thétis en train d’armer son fils Achille. Ce miroir est daté du IIIe siècle avant J.-C.

    L’histoire qu’elle raconte

    Suite à la mort de Patrocle, Achille décide de reprendre le combat : il veut venger son ami en tuant Hector. Mais ses armes ont été récupérées par les Troyens sur le corps de Patrocle. Sa mère Thétis demande donc au dieu forgeron Héphaïstos (Vulcain) de lui en fabriquer de nouvelles. Il s’exécute en une nuit. Il réalise notamment un bouclier au décor exceptionnel. Thétis les apporte à Achille et l’aide à s’armer.

    Photo © Serge Oboukhoff © BnF-CNRS-MSH Mondes

  • Oenochoé représentant le combat entre Achille et Hector

    Oenochoé représentant le combat entre Achille et Hector

    530-500 av. J.-C. – Terre cuite – Provenance inconnue
    Paris, Bibliothèque nationale de France, Département des monnaies, médailles et antiques

    Cette œnochoé (cruche à vin) attique à figures noires représente le combat final entre Achille et Hector. Elle est datée de la fin du VIe siècle avant J.-C.

    L’histoire qu’elle raconte

    Suite à la mort de Patrocle, Achille reprend le combat. ll est animé par un vif désir de vengeance : il veut affronter et tuer Hector pour venger la mort de Patrocle. Apollon (défenseur de Troie) cherche à protéger Hector en l’entourant d’une nuée. Mais Hector est trompé par Athéna (soutien des Grecs) qui se fait passer pour son frère Déiphobe et lui promet de l’aider. Suite à une série de duels infructueux, Achille se trouve finalement face à Hector. Après avoir tenté d’éviter cet affrontement en fuyant Achille autour des remparts de Troie, Hector décide d’accepter le combat. Il sera tué par Achille.

    Photo © Serge Oboukhoff © BnF-CNRS-MSH Mondes

  • Hydrie représentant les funérailles de Patrocle

    Hydrie représentant les funérailles de Patrocle

    520-480 av. J.-C. – Terre cuite
    Provenance inconnue – Nîmes, Musée de la Romanité

    Cette hydrie (vase pour transporter de l’eau) attique à figures noires représente les jeux organisés par Achille pour les funérailles de Patrocle. Le serpent fait référence au monde des morts. Il est possible qu’on ait rajouté cette partie lors de la restauration du vase au XIXe siècle, afin d’évoquer précisément cet épisode de l’Iliade.  Ce vase est daté entre la fin du VIe et le début du Ve siècle avant J.-C.

    L’histoire qu’elle raconte

    Suite à l’ambassade d’Ulysse, Ajax et Phénix, Achille refuse toujours de reprendre les combats. Les Grecs sont de plus en plus en difficulté et les Troyens parviennent même à incendier leurs navires. Face à cette situation désespérée, Patrocle, le compagnon le plus cher aux yeux d’Achille, le supplie de lui laisser endosser ses armes pour aller prêter main-forte aux Grecs. Les Troyens croiront voir Achille et la peur les fera reculer. Achille accepte en lui recommandant de la prudence : il faut effrayer les Troyens mais ne pas se rendre jusqu’à leurs remparts. Mais Patrocle, dans le feu du combat, oublie la promesse faite à Achille, s’approche de Troie et affronte Hector (prince héritier de Troie) qui le tue, croyant abattre Achille. Les Grecs réussissent à ramener le corps de Patrocle au camp tandis que les Troyens s’approprient les armes d’Achille.

    Photo © Ville de Nîmes / Musée de la Romanité

  • Relevé de la mosaïque représentant Achille trainant le corps d’Hector

    Relevé de la mosaïque représentant Achille trainant le corps d’Hector

    1846 – Papier
    Nîmes, Carré d’Art bibliothèque – Fonds patrimonial, ms. 561 

    Une mosaïque représentant en son centre les ravages qu’Achille fait subir à la dépouille d’Hector a été découverte à Nîmes en 1846. Louis Estève en réalise le relevé avant la dépose (retrait de la mosaïque de son lieu de découverte), garantissant ainsi une restitution assez fidèle du décor. Malheureusement, la dépose, réalisée avec les moyens techniques de l’époque, a causé la destruction de la plupart du décor d’origine.

    L’histoire qu’elle raconte

    Après avoir tué Hector, Achille s’acharne sur sa dépouille. Il attache le corps de son ennemi par les pieds à son char et le traine autour des remparts de Troie. Priam et Hécube, les parents d’Hector, et Andromaque, son épouse, assistent impuissants aux ravages infligés sur le corps du héros. Plusieurs jours après sa mort, Achille continue de trainer le corps d’Hector autour de la sépulture de Patrocle. Apollon, dieu protecteur des Troyens, empêche toutefois la désagrégation du corps.

    Photo © Carré d’art bibliothèque – Ville de Nîmes

  • Amphore représentant Ajax portant le corps d’Achille

    Amphore représentant Ajax portant le corps d’Achille

    530-510 av. J.-C. – Terre cuite
    Provenance inconnue – Toulouse, Musée Saint-Raymond

    Cette amphore attique à figures noires représente un guerrier transportant un compagnon de combat mort. De part et d’autre se trouvent un homme et une femme. Cette scène est interprétée comme Ajax transportant le corps d’Achille, pour le ramener auprès de Thétis et Pélée.

    L’histoire qu’elle raconte

    Achille est donc tué par Pâris. Un combat s’engage autour de son corps et les Grecs réussissent à le ramener au campement, ainsi que ses armes. C’est Ajax le Grand, guerrier à la force extraordinaire, qui transporte le corps d’Achille sur son dos. Par la suite, le corps sera veillé pendant dix-sept jours et dix-sept nuits avant d’être enterré aux côtés de celui de son compagnon Patrocle.

    Photo © Jean-François Peiré, CC BY-SA-NC-ND

  • Sarcophage des funérailles d’Hector

    Sarcophage des funérailles d’Hector

    190-200 ap. J.-C. – Marbre blanc – Provenance inconnue
    Paris, Musée du Louvre, Département des Antiquités Grecques, Étrusques et Romaines

    Ce fragment de sarcophage raconte, avec beaucoup de pathos, le moment où le corps d’Hector est ramené à Troie. Le corps du héros occupe le centre de la scène. Il est entouré par les membres de sa famille : ses parents Priam et Hécube, Andromaque son épouse, leur fils Astyanax et sa sœur, la prophétesse Cassandre. Ce sarcophage est daté de la fin du IIe siècle après J.-C.

    L’histoire qu’elle raconte

    Le comportement d’Achille envers le défunt est inacceptable pour les dieux. Ils interviennent afin que Priam aille au-devant d’Achille pour lui demander la restitution du corps de son fils, afin de lui donner une sépulture digne. Priam pénètre donc dans le camp des Grecs et se présente à la tente d’Achille portant des richesses à échanger. Achille éprouve à la fois de la pitié face à la souffrance de cet homme mais également du respect car il a risqué sa vie en se rendant dans le camp ennemi. Il lui restitue alors le corps d’Hector.

    Photo © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / image RMN-GP

  • Fragment de vase représentant Pâris en train de toucher Achille au talon

    Fragment de vase représentant Pâris en train de toucher Achille au talon

    Vers 550 av. J.-C. – Terre cuite
    Provenance inconnue – Toulouse, Musée Saint-Raymond

    Ce fragment de vase attique à figures noires représente une scène de combat qui a été interprétée comme le moment où Pâris blesse Achille au talon. Ce vase est daté vers le milieu du VIe siècle avant J.-C.

    L’histoire qu’elle raconte

    Achille est le fils de Pélée, un mortel, et de la déesse Thétis. À sa naissance, sa mère tente de le rendre invulnérable en l’immergeant dans les eaux du Styx, le fleuve des Enfers. Ce faisant, elle le tient par le pied : seul le talon droit de l’enfant n’est pas immergé. Cette partie de son corps va donc constituer le seul point faible d’Achille. Après la mort de son frère Hector, Pâris va tuer Achille en lui plantant justement une flèche guidée par le dieu Apollon dans le talon. Plusieurs versions existent : celle selon laquelle Pâris vise Achille avec une flèche du haut des remparts de Troie ; celle selon laquelle il le touche avec une lance sur le champ de bataille. Cette dernière version serait représentée sur ce vase.

    Photo © Alyx Taounza-Jeminet, Licence Ouverte via Wikimedia Commons

mosaïque